Telle l'indigne propriétaire que je suis, j'avais dû limiter ma première rencontre avec mon nouveau cheval à une petite séance de dressage plus stretching que véritable étude des bases de mon étalon. Pour me faire pardonner de n'être passée qu'en coup de vent, je revenais aujourd'hui avec un seau rempli de carottes et de pommes. Le petit père somnolait au soleil dans son pré lorsque j'arrivais à son niveau. Ne daignant pas tourner ne serait-ce qu'une oreille vers moi, il m'ignorait royalement. Levant les yeux au ciel j'étais pourtant contente d'avoir un cheval avec un peu de caractère. Et c'était peu dire, croyez-moi.
Je l'appelais par son nom, enfin seulement par "Cat", c'est bien trop long sinon et il aurait vite fait d'en profiter pour m'ignorer d'autant plus. Une fois interpellé, le grand alezan tourna vaguement sa tête vers moi, vérifiant rapidement qu'aucune carotte ne m'accompagnait pour ensuite s'en aller plus loin au petit trot. M'efforçant de ne pas m'énerver, de garder mon sang-froid et de n'user d'une friandise qu'en dernier recours, je m'approchais de lui à nouveau, ma paume de main tendue vers lui. Ce n'est seulement qu'après m'avoir fait courir durant cinq longues minutes que l'étalon accepta en rechignant de m'approcher. À mon grand désespoir j'avais dû utiliser ma technique secrète (ou pas) et lui tendre ses carottes.
Une fois le licol passé autour de sa longue tête, je pu le sortir du pré et l'amener jusqu'à l'attache où il se montra très dissipé et un poil puéril. Tantôt il fouillait dans ma boîte de pansage, tantôt il mordillait sa longe. Il a même eu l'audace d'aller déranger le cheval attaché à côté de lui. Un vrai petit prince qui ne se refuse rien. Bien décidée à calmer ses ardeurs, je n'hésitais pas à le remettre en place fermement. Une fois son pansage plutôt sommaire terminé, je le sellais pour ensuite l'amener dans la carrière. Cette dernière était un peu boueuse, tout comme Cat d'ailleurs, mais cela n'engendrait pas de réel problème.

Durant ma détente, j'essayais de trouver quelques boutons et être déjà la plus discrète dans mes aides. Non sans mal, je tentais également de maintenir une bonne position, mais je devais avouer que même sur les meilleurs chevaux, ma position n'était jamais des plus brillantes. Cat, quant à lui, semblait joyeux de se retrouver sous une selle et bouillait comme l'étalon qu'il était. En me relaxant, en détendant mes rênes, je lui communiquais mon calme et lui demandais quelques figures simples avant de changer d'allure. Au trot l'étalon se montrait encore plus désinvolte et déconcentré, et vas-y que je regarde toutes les juments, et vas-y que j'ai peur de ma propre ombre. Tentant de maintenir mon calme essentiel à tout bon travail je continuais de le mettre sur des cercles, évasant ou rétrécissant ses derniers afin de le concentrer un peu plus.

Vers la fin de cette séance de découverte, je le mettais au galop et appréciais son grand balancier régulier. Des foulées de rêve qui me faisaient un peu oublier son comportement quelque peu ennuyeux. Après un retour au calme bien mérité, je l'amenais faire le tour des écuries pour qu'il sèche un peu avant de le rentrer dans son box. En effet, monsieur prenait ses repas du midi dans son box afin de faciliter la surveillance des rations et éviter qu'il ne se la fasse piquer. Je le dessellais donc rapidement et passais un bon coup de brosse avant de lui donner ses friandises et de le remettre au box. Une fois sa ration terminée, il irait au pré et il passerait la nuit. Les températures n'étaient pas encore assez basses pour que je le rentre la nuit et puis bon, il est résistant le petit ! Un gros bisou sur la ganache et à demain mon grand !

En descendant du bus, je ne pu m'empêcher de ravaler un frisson. La température avait chuté d'un coup, tout comme les feuilles des arbres d'ailleurs. J'avais justement hâte que le printemps revienne pour voir Columbia sous des arbres en fleurs et non dépourvus de la moindre feuille. Mais c'était loin d'être triste, au contraire, ça donnait envie de se rendre aux écuries et enfouir ses doigts dans la crinière de son cheval. D'ailleurs, devoir tondre mon gros poney roux me donnait envie de vomir, j'aurais tellement voulu le voir devenir un énorme nounours plein de poils. Malheureusement, si je ne voulais pas mettre son entraînement entre parenthèses il me fallait lui enlever ses petits poils. Un jour j'achèterai un shetland tout petit et tout poilu qui gardera ses gros poils pour l'hiver.
Bref ! Arrivée devant le pré de mon gros roux je l'appelai d'une voix douce bien que je m'attendais à devoir lui courir après, dans la boue, dans le froid. Couillon de poney ! Et cela ne rata - bien évidemment - pas. Une fois repérée par le grand anglo, il s'empressa de se pavaner au grand trot, faisant son beau. Je levais les yeux au ciel, cet étalon était si vaniteux ! Mais tellement attachant. En effet, j'adorais les chevaux intelligents capables d'agir en fonction de leurs envies. Forcément ce n'était pas drôle tous les jours mais au moins, j'avais un peu de challenge.
Tendant un quartier de pomme vers lui, il daigna seulement faire pivoter une de ses oreilles en ma direction. Impatiente, je me rapprochais de lui en élevant la voix. Il savait très bien qu'il faisait une bêtise et il savait très bien que j'avais le droit de le gronder.
Après quelques minute, je pu lui passer le licol autour de la tête et le sortir du pré pour me diriger vers l'attache. J'enlevais sa couverture d'extérieur et lui passais un rapide coup de brosse. C'était bien pratique cette couviotte quand même ! J'insistais tout de même plus sur les membres qui n'étaient plus roux mais bien boue. Je décidais de faire cette séance et de le tondre après. En effet, j'avais prévu un travail léger qui n'allait pas l'épuiser au point de le rendre dégoulinant.

Une fois sellé, je l'amenais vers la carrière. Le grand roux semblait bien calme et j'étais donc assez contente que le fait de me faire tourner en bourrique lui permettait d'expulser son énergie avant que je ne pose mes fesses dessus.
La séance pouvait se résumer en une longue détente où je me montrais intransigeante. Autant pour lui que pour moi du coup, lui devait se tenir, s'appliquer, ne pas me voler les mouvements, répondre correctement à mes demandes. Et moi je devais demander correctement déjà ! Maintenir une bonne position, être juste dans mes aides. Bref, nous perfectionner sur les bases. Déjà le grand dadet qu'il est se tenait beaucoup mieux, mais manquait parfois d'incurvation sur certaines figures. Je prenais donc mon temps sur un huit de chiffres au pas puis au trot. J'essayais de n'avoir rien dans les mains et d'agir au mieux avec ma jambe. Ce qui restait un de mes plus gros défauts: je n'avais aucune force dans les jambes ! Pour m'y entraîner je m'affairais à quelques déplacements latéraux où sans ma jambe, je ne pouvais obtenir le mouvement juste. Après quelques essais plutôt chaotiques, les derniers passages me semblaient bons.

Je le galopais aux deux mains, d'abord en lui demandant de se tenir puis en laissant filer mes rênes et lui permettre de mettre un peu de vitesse. Enfin, je le rentrais au chaud dans les écuries où la tondeuse l'attendait. Enfin, elle l'attendait après qu'il eu fini son repas, soit bien sec et concentré sur ce que je pouvais lui demander. Pour Cat c'était plutôt pas évident il faut dire. Aidée par un palfrenier je pu ne pas m'éterniser sur cette tonte qui n'est jamais un moment marrant. Une fois tout nu, je rhabillais mon cheval de ses quatre-vingt couettes et hop au pré jusqu'à ce soir où il rentrera au chaud sans son bébé box. Quand je le lâchais il me fit l'honneur de rester quelques secondes pour des caresses avant d'aller voir ses copains. Je commençais à l'avoir cette bête !

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C'est avec la joie que l'on a lorsqu'on se rend compte que l'on a pas cours que je me dirigeais vers les écuries. Aujourd'hui j'avais prévu de monter d'un étage et de sautiller quelques barres. Pour sûr, Cat en serait ravi. Mâchonnant son foin dans son box, je questionnais le palfrenier de sa présence ici et non au pré. Apparemment le vent avait soufflé fort la veille et menaçait les chevaux, aussi avaient-t-ils tous été rentrés. Quelques clôtures s'étaient retrouvées au sol et hors d'usage, il fallait donc les réparer. Pendant ce temps, les pensionnaires de Columbia ronflaient avec ardeur dans l'écurie.
Bien sûr, Cat ne fut pas l'exception. À moitié endormi, l'étalon mangeait du foin complètement dans le pâté. Ça promettait une séance difficile. Remerciant le palfrenier, je m'approchais ensuite du box de l'alezan qui commença à me fixer en ronflotant. J'avais bien compris que ce tendre accueil signifiait qu'il n'avait pas envie de tourner en rond dans la carrière. Ça tombe bien mon coco, on va sauter en rond dans cette carrière ! Enthousiaste, j'ouvrais la porte et m'avançais vers lui, une carotte à la main. Il est vrai qu'au box il était mille fois plus facile de l'atteindre et je ne perdais pas quarante mille ans à la récupérer. Mais tout de même, ces parties de chat semblaient fortement lui plaire et comment refuser une telle chose à un rouquin si mignon ?
Attaché hors du box, Cat semblait se réveiller ou s'endormir, la différence était peu notable. Je m'affairais à le libérer de la boue qui tâchait sa jolie robe, me pliais en quatre pour lui faire les sabots, m'attelais au démêlage de ses crins et enfin m'occupais de ses naseaux. Le monsieur tout propre, je pris mon temps pour le seller. Un joli tapis beige sur mon jaune et en avant les enfants pour la séance de saut.

Tout d'abord follement mou à la détente, il commença à se réveiller quand je prenais le trot et lui demandais de s'étendre et de revenir. Le stretching c'était son dada. Travail sur l'incurvation, sur les transitions intra et extra allures, disponibilité de la nuque. Tel un avion de chasse dont je checkais les constantes, je fus contente de constater qu'il était opérationnel le monsieur. Je me lançais donc sur un premier obstacle, une petite croix qui n'en menait pas large devant le monstre roux qui arrivait dans un grand trot irrégulier et précipité. Une fois la croix de détente passée, je repris doucement mon cheval, installant à nouveau le calme dans sa tête. Apparemment le saut lui donnait envie de faire n'importe quoi et de se jeter tête la première dans la barre. Personnellement c'est pas la technique que je prône. Mais vive la diversité.
Donc je travaillais mon cheval en cercle autour de l'obstacle, quand il fut parfaitement calme et disponible, j'évasais mon cercle et l'obstacle se retrouvait sur notre passage. Le second coup fut bien meilleur et le troisième aussi. Contente de moi, je décidais qu'on pouvait enchaîner trois obstacles bas. D'abord un double avec un oxer en sortie puis une large courbe à gauche pour se retrouver sur un droit un peu plus conséquent. Histoire qu'il commence à se dire qu'il faut se tenir pour aborder tout ça. Je cherchais la régularité même si le saut n'était pas parfait, d'abord calme et droit. Le premier passage fut folklorique mais je ne perdais pas espoir et reprenais sans cesse dans le calme. Au bout d'un moment il enchaîna le double calmement sans chercher à s'envoler après le premier saut. L'abord du dernier droit restait tout de même incertain, mais je savais bien qu'on ne pouvait pas tout régler en une séance.
Satisfaite de mon cheval et de ce qu'il m'avait donné je l'emmenais faire le tour des écuries au pas, pour qu'il souffle et moi aussi. Le grand poney se montrait très sage et s'amusait à grignoter tout ce qui passait au niveau de sa bouche. Amusée je le laissais faire, sachant pertinemment qu'il prenait là une très mauvaise habitude mais que voulez-vous ? On ne peut pas résister à ce grand jaune.
De retour aux écuries je le déshabillais, lui passais un bon coup de brosse et hop les couviottes sur le dos pour aller manger tranquillement dans son box. Apparemment il pourrait retourner au pré dans l'après-midi et moi c'est tout ce que j'espérais, parce que je n'oserais pas remonter sur la bête si elle avait fait deux jours de placard.
Des carottes en guise d'aurevoir et à demain mon chou.

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À peine quelques jours avant le début des examens, je n'avais qu'une envie: en finir avec ces tonnes de cours et pouvoir enfin profiter de mon Cat comme il se devait de l'être. Lâchant un long soupir, je m'avançais vers les prés qui avaient été réparés depuis, le grand alezan broutait tranquillement, sa grosse couviotte sur le dos. Je décidais de m'approcher de lui, ma paume de main tendue vers lui et présentant une jolie carotte. Le rouquin sentit le piège arriver et s'éloigna quelque peu. De toute façon, je voulais simplement la lui donner et aller faire les cuirs donc bon. Je la déposais au niveau de son foin et repartais vers les écuries. Interloqué par la situation, le grand alezan avait bugué et ses oreilles pivotaient dans tous les sens, comme perdues. Je ne pu m'empêcher de rire, il avait l'air si bête des fois !
Une fois dans les écuries, je me posais sur un tabouret et commençais à dépoussiérer mes cuirs, commençant par la selle et ensuite le filet. J'appliquais ensuite la graisse, en m'en mettant accessoirement plein les mains. Sinon c'est pas drôle faut dire ! Mon pantalon d'équitation beige devenait peu à peu tigré plus je m'essuyais dessus. J'en profitais pour passer un coup de brosse aux guêtres qui n'étaient pas non plus des plus propres. Je m'affairais ensuite à retirer les crottins de sa litière et remettre un peu de copeaux. Le box et le harnachement du monsieur tout propres, je pouvais aller le chercher au pré.
Quelle ne fut pas ma surprise de la voir gambader au grand galop à travers... le pré du voisin. Le grand rouquin avait certainement décidé que son pré ne suffisait pas et que celui de son pote était mieux. Par on ne sait quel stratagème il était parvenu à passer de l'autre côté et aller maintenant embêter tout le monde. Montant sur mes grands chevaux - et ce n'est rien de le dire - j'entrais à grandes pompes dans le pré, m'interposant devant le grand fou qui galopait à tout va. Mécontent de me voir me mettre au milieu, il me contournait rapidement et agilement. Si seulement il pouvait mettre autant de coeur dans ses mouvements lorsqu'on travaillait. Lassée de son cirque, j'allais chercher un seau de grain et le secouait au milieu du pré. Glouton comme pas deux, le roux se ramena à la vitesse de la lumière.
Une fois le licol passé je l'emmenais à l'attache. Il avait intérêt à se tenir à carreau le grand dadet. Mais bon, on ne change pas un Cat qui gagne et c'est ainsi que mon grand alezan se retrouva atteint de la bougeotte et ne pouvait tenir en place sans hennir. Vive les étalons qui ont leurs règles moi j'dis. Je le bichonnais tant bien que mal et une fois cela fait, contre l'attente du Roux je l'amenais directement à la carrière où nous allions tester l'éthologie.

Bon dans une carrière c'était relativement difficile et j'avoue que j'aurais bien préféré un rond de longe, mais Rome ne s'est pas faite en un jour et Columbia n'en était qu'à ses débuts. Je délimitais donc une zone relativement petite grâce à des obstacles qui jouaient le rôle de barrière afin de pouvoir garder mon cheval près de moi en liberté. Je le lâchais donc et le faisais marcher sur la piste au pas. Au bout de quelques tours, je vérifiais qu'il s'arrêtait lorsque je lui demandais et en me déplaçant légèrement. Chose acquise. À nouveau au pas, je tentais le changement de direction vers l'extérieur qui est très simple à comprendre pour le cheval. C'est comme un chef que Cat se retournait et partait tranquillement dans l'autre sens. Pour l'instant c'était parfait, mais je savais bien que les choses allaient bientôt devenir plus compliquées. En effet je demandais le trot à mon étalon qui, un peu vif en ce matin d'hiver, parti dans un grand trot et esquissa quelques foulées de galop. Restant calme et en me déplaçant par rapport à lui, je demandais la transition descendante. Il fallut quelques bonnes secondes au grand étalon pour réagir correctement et passer dans un petit trot contrôlé. Je ne manquais pas de le féliciter de la voix. J'essayais de le faire repasser au pas avec un temps de réaction relativement court mais ce n'était pas encore ça. J'essayais à nouveau les changements de direction mais le grand alezan l'associait à une transition ascendante et repartait au trot dans l'autre sens. Je devais certainement mettre trop d'énergie lors de mon déplacement. Nous travaillâmes encore quelques bonnes minutes au trot et au pas avant que je le laisse aller au galop en essayant de maitriser au mieux ses mouvements. Mais bon, avec Cat rien n'était jamais complètement facile et le monsieur préférait les grands galops plutôt qu'une allure plus cadencée. Tant pis, je le laissais se défouler et lui demandais de redescendre bientôt au pas pour ensuite m'éclipser et lui laisser la carrière afin qu'il puisse se rouler à sa guise.

Une fois cela fait, je le ramenais aux écuries, le brossais tranquillement et lui servais sa ration dans son box. Il avait été bien plus sage à la fin de séance qu'en début et méritait largement quelques friandises. Je restais pour lui faire quelques caresses et à demain le gros.  

Après la séance d'éthologie de la veille, j'avais aujourd'hui envie de reprendre sur du dressage basique. Le bonhomme se trouvait au pré, il avait l'air plus calme que d'habitude et en effet, je mis moins de temps que les jours précédents à l'attraper. Après un bon pansage et quelques papouilles, je l'harnachais et en route pour la carrière.

Après une bonne détente, je travaillais surtout son attitude et le fait de le garder plus ou moins fermé suivant les exercices. Je travaillais beaucoup les variations d'allures afin de le préparer pour l'endurance et les différents efforts qui peuvent lui être demandés. Bizarrement il se montrait très concentré et je soupçonnais la séance de la veille d'y être pour beaucoup. Après une heure de dressage fortement positive je décidais de l'emmener sur les chemins de ballade qui bordaient le domaine. Tranquille, le grand roux se transformait en un réel cheval de rando avec le pied sûr qui ne sursaute à rien et semble même s'intéresser à tout ce qui l'entoure. Ravie je le ramenais aux écuries, lui procurais un bon pansage et au box.

Nous étions la veille de mes examens, j'étais si stressée que j'arrivais à peine à réfléchir correctement et me décider sur quelle discipline travailler aujourd'hui avec mon gros roux. Ce dernier n'avait pas de souci lui, il broutait tranquillement dans son pré, embêtait ses voisins, me fuyait pour m'embêter. Las, je décidais d'attendre avec un seau de carottes à l'entrée. Après tout il n'avait la volonté que d'un cheval. Au bout de quelques minutes le monsieur s'approchait, je lui passais le licol autour de la tête, il était docile. En même temps, il savait bien qu'en venant bouffer ses friandises il fallait être fair-play et avouer qu'on avait perdu. En le ramenant dans les écuries pour le panser je continuais de penser à notre séance. Encore de l'éthologie ? Il fallait être un peu plus concentrée que ce que je ne pouvais être présentement. Obstacle ? Sans objectif la séance ne ressemblait à rien. Bon un peu de plat ? Une bonne grosse détente et travail sur les figures de base.
Décidée je commençais donc mon pansage en récitant mes cours. Au moins Cat était d'accord et moi étions d'accord sur un point: ils étaient quelque peu ennuyeux. Le rouquin dormait à moitié, les yeux mi-clos. À cet instant précis, je voulais plus que tout me réincarner en cheval. C'est vrai quoi, manger et dormir, parfait comme vie. Comme pour me sortir de mes rêveries, le grand roux me poussa gentiment du bout de ses naseaux. Et c'est en rigolant que je finissais son pansage, il se montrait de plus en plus adorable, plus patient. Un vrai petit amour.

Une fois prêt, je l'amenais sur la carrière et je me mis en selle. Le gros patapouf, bien que très sympathique à l'attache se montra fort flemmard et ne me donnais rien de bon à la détente. Tête en l'air, pas un pet d'engagement, trop dur de s'incurver. Peu d'humeur à m'énerver je décidais simplement de voir les bases des bases et me préoccupais peu de son attitude. Simplement me faire plaisir à cheval. J'essayais de le diriger plus au poids du corps, en ne touchant presque pas aux rênes. Bon, c'était vraiment pas gagné mais ça me faisait plaisir. De même, je lui demandais de bien venir se tordre dans tous les sens sur des demi-volte, cercle et huit de chiffre. Contre-incurvation puis incurvation, ahah je lui emmêlais presque les pinceaux. Mais le gros se montra quelque peu généreux en m'écoutant tout de même un minimum. À la fin je le laissais galoper sur la piste, le laissant faire quelques sauts de mouton. Après tout, fallait bien le laisser s'exprimer de temps en temps. Ravie de ma séance qui m'avait fait penser à autre chose, je descendais pour le ramener aux écuries.

Attaché devant son box le rouquin ne semblait pas fatigué et m'embêtais en fouillant ma boîte de pansage, en renversant mon pot de graisse, en mordillant sa longe, en faisant tomber mon tapis. Bref, un vrai poney. Après un bon pansage et quelques friandises, le monsieur retourna au pré, tout content de pouvoir se rouler. À demain bébé Cat !